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jeudi 25 avril 2024

Le journal des étudiantes et étudiants de Lyon 3

Simone Veil, un destin d’exception

“Il restera de toi ce que tu as donné.

Au lieu de le garder dans des coffres rouillés.

Il restera de toi de ton jardin secret,

Une fleur oubliée qui ne s’est pas fanée.

Ce que tu as donné, en d’autres fleurira.

Celui qui perd sa vie, un jour la trouvera.

Il restera de toi ce que tu as offert.”

  –   Simone Veil 

À l’occasion de la sortie du film « Simone, le voyage du siècle », beaucoup ont découvert – ou redécouvert – le destin tragique mais exceptionnel de l’une des femmes les plus marquantes de notre histoire : Simone Veil. Loin d’être une fiction, ce long métrage résume en deux heures vingt ce qui semble être plusieurs vies. De son enfance paisible à Nice à la présidence du Parlement européen, ce voyage semé d’embûches nous invite dans l’esprit et le cœur de cette grande dame. 

Magistrate, ministre, militante, députée, philosophe, mère, épouse… Simone Veil porte toutes les casquettes à la fois. Comme si cela était inné chez elle, sa fureur et l’ardeur de ses revendications n’ont eu cesse de porter ses idéaux d’une société démocratique au cœur de toutes ses convictions politiques et philosophiques. 

Toujours confrontée à ses propres démons, son désir de justice et de reconnaissance se transforma rapidement en obsession. Si bien que peu importe son âge, sa vie ne fut que combat. 

A seulement 16 ans, elle fut conduite avec sa mère et l’une de ses sœurs au camp d’Auschwitz-Birkenau, puis traînée d’un bout à l’autre du pays, s’enfonçant toujours un peu plus dans la misère et l’horreur. Séparée de son père et de son frère qu’elle ne revit jamais, elle lutta corps et âme pour sortir des camps de l’enfer où tant de ses semblables – famille et amis – perdirent la vie. 

L’opposition aux injustices dès ses débuts de carrière 

À son retour en France en 1945, avide de raconter ses souvenirs de déportation et d’être entendue, elle débute des études à l’Institut d’études Politiques de Paris dont elle devient l’une des premières diplômées. Elle réussit ensuite le concours de la magistrature, avant d’occuper le poste de haut fonctionnaire de l’administration pénitentiaire. Militante jamais résignée, elle dévoua toute sa vie aux autres et à leur bien-être. 

Autrice de plusieurs rapports alarmants sur les conditions de détention des détenus notamment pendant la guerre d’Algérie, elle parvint à faire transférer en France des prisonnières exposées aux mauvais traitements et aux viols, et imposa sa propre définition de la dignité humaine. Ainsi, dès ses débuts de carrière, elle se fit un nom, et montra sa résilience et sa détermination à améliorer la vie des autres ; quel qu’en soit le prix pour sa propre vie. 

Une vie de combat 

Si tout le monde connait Simone Veil pour son engagement au nom des femmes et de leur droit à l’avortement, nombreux de ses combats furent passés sous silence. Libération des témoignages des rescapés de la Shoah et préservation de leur mémoire, construction européenne pour la paix, laïcité et tolérance interconfessionnelle, dignité des détenus et prisonniers de guerres, mobilisation contre le Sida, l’aide et le soin aux toxicomanes… Aucun combat ne semble trop grand ou trop effrayant pour elle. 

Ministre de la santé sous le gouvernement de Jacques Chirac, elle défendit le projet de loi dépénalisant l’avortement et améliora considérablement les conditions de vie de milliers de femmes. Ce texte, à mille lieues de faire l’unanimité à une époque où le conservatisme catholique et le patriarcat repoussaient violemment toute forme de progressisme et d’émancipation féminine, lui valut les foudres d’une grande part de la population. 

Aussitôt un combat achevé, une autre guerre démarra : la construction de la paix en Europe. Députée européenne jusqu’en 1993, elle fut élue présidente du Parlement européen lors des premières élections au suffrage universel direct de 1982, et acheva sa carrière au Conseil Constitutionnel. 

Un destin exceptionnel

Simone Veil fut la personne dont la France avait besoin pour aller de l’avant. De son esprit avant-gardiste et réformiste naquirent plusieurs droits et libertés fondamentaux au maintien et à la pérennisation de la paix et de l’ordre. Simone Veil ne fut pas qu’une femme mais un modèle, un exemple et une référence en terme de résistance et d’engagement. 

Ce qu’il restera d’elle est immuable. Ce qu’il restera de vous, Simone, ce que vous nous avez donné. Ce qu’il restera de vous, Simone, ce que vous nous avez offert. 

Sources :

source image : © Claude Truong-Ngoc / Wikipédia

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