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mercredi 11 septembre 2024

Le journal des étudiantes et étudiants de Lyon 3

Risques, gains et discipline : la réalité de l’investissement boursier

Disclaimer : Le but de cet article est d’informer la lectrice ou le lecteur des pratiques de l’investissement en bourse. Il n’est pas là pour donner de conseils précis et ne vous permettra pas de rouler en Lamborghini d’ici 10 ans. Il s’agit d’une introduction. Chaque investissement doit être soigneusement choisi et chacun est responsable de ses pratiques sur les marchés financiers.

Quand les mots de bourse et d’actions résonnent dans nos têtes, ce sont les images d’un jeune trader excentrique cocaïné comme dans Le Loup de Wall Street ou bien d’un ultra-riche négociant dans l’ombre avec son banquier qui apparaissent. Cependant, la réalité est très éloignée de ces clichés et l’avènement d’internet a permis l’émergence de nouveaux moyens plus démocratiques et moins chers d’investir en bourse.

Si vous travaillez à côté de vos études ou pendant l’été et que vous parvenez à épargner, il peut être tout-à-fait intéressant de se plonger dans le monde de l’investissement sur les marchés financiers. Prendre son éducation financière en main est d’importance capitale quand le système scolaire français la délaisse, que l’inflation ronge les finances des finances, que le consumérisme règne et que les inégalités et la précarité gagnent du terrain.

Cet article se veut être une introduction aux placements boursiers mais aussi une démystification des clichés et fantasmes à propos de l’épargne sur les marchés financiers.

Pourquoi investir en bourse ? Entre rentabilité et avenir

Cette question est essentielle pour prendre conscience de l’importance d’une gestion intelligente de son épargne. Les placements phares des français sont le livret A (3 Français sur 4 en 2021) ainsi que l’assurance-vie (2 Français sur 5). A leurs côtés, les placements boursiers sont détenus uniquement par 1 Français sur 6 en 2021.

Le livret A est un produit intéressant sur plusieurs aspects. Les taux de rémunération sont fixes et garantis, 3% en 2023 et les revenus de ces intérêts ne sont soumis ni à l’impôt ni aux prélèvements sociaux. Ce livret est plafonné à hauteur de 22 950 euros et peut se cumuler avec un placement similaire comme le LDDS qui a un taux similaire mais un plafond plus bas. Si ce placement a aussi l’énorme avantage de ne pas être risqué, sauf effondrement de toutes les banques et de l’État, il a le défaut d’être peu rentable et appauvrissant. La Banque de France prévoit une inflation de 5,8% en 2023, soit un taux supérieur à celui du livret A, ce qui fait que votre épargne perd en valeur par rapport à l’évolution des prix.

A l’inverse, placer son argent sur des produits boursiers sur le long terme peut permettre d’obtenir des rendements avoisinant les 7% par an voire plus. Néanmoins, il y a des risques de perte, l’investissement boursier est un peu plus complexe, beaucoup de clichés l’entourent et les particuliers moyens sont peu incités à investir.

Néanmoins, les placements boursiers sont les meilleurs placements pour assurer son avenir. En effet, le système de retraite à la français est de plus en plus réduit par les gouvernements successifs et, sauf l’émergence peu probable d’une alternative au capitalisme, l’argent reste le nerf de la guerre pour ne pas sombrer dans la précarité.

Aussi, la démographie vieillissante de la France, que ni le taux de natalité ou l’immigration ne parvient à rajeunir, ne permettra pas d’assurer à l’avenir un système de redistribution pour les retraites aussi performant que celui d’aujourd’hui. Préparer une capitalisation personnelle est donc presque nécessaire pour s’assurer un avenir serein, et ce dès l’entrée sur le marché du travail.

Risques et paniques boursières : les pièges de l’investissement boursier

Les suicides de traders lors de différentes crises ou encore les représentations culturelles montrant l’investissement boursier comme risqué peuvent décourager de nombreux particuliers. Cependant, il faut prendre du recul et réfléchir pour limiter les risques, le but n’est pas d’être un spéculateur mais un investisseur. La première étape est celle du fonds d’urgence. Les valeurs des actions pouvant grandement fluctuer, il convient de garder sur un livret A une somme pouvant être utile en cas d’urgence. Celle-ci dépend de votre situation personnelle et il est nécessaire que chacun la détermine.

La deuxième étape est celle de l’horizon de ses investissements. Sur le long-terme, il est presque impossible de perdre de l’argent en bourse. Cependant, spéculer sur le court-terme, voire le moyen-terme, sur des produits risqués est le meilleur moyen pour perdre votre argent. Quand vous investissez en bourse, ce n’est pas pour 3 mois, 2 ou 5 ans mais pour 20, 30, 40 ans voire plus. Garder cet horizon en tête est le meilleur moyen de ne pas la perdre.

La troisième étape est de bien choisir ses produits, dont il sera question ultérieurement dans l’article. Cette étape permettra alors de choisir la part de produits risqués voulue par rapport à celle des placements plus sécurisés.

Faire son marché sur les marchés

Il existe des dizaines de catégories, et des centaines de milliers de produits disponibles à l’achat et à la vente sur les différentes plateformes boursières. Néanmoins, votre courtier (plateforme par laquelle vous achetez vos produits) vous en offrira un nombre limité selon votre zone géographique, votre compte en bourse et ses disponibilités. Il sera question de trois types de produits sur lesquels vous pouvez investir avec peu de risques : les actions, les obligations et les ETFs.

Les actions sont les produits emblématiques de la bourse, il s’agit de titres de propriétés d’entreprises. Si vous achetez une action Nike à 100$, vous détenez un petit pourcentage de la société. Selon les performances de l’entreprise, les investisseurs achètent ou vendent l’action, ce qui influence le prix de celle-ci. Si la société annonce de bons chiffres, les investisseurs achètent et les prix montent et l’inverse se produira dans le cas contraire. Le meilleur moyen de gagner de l’argent consiste donc à acheter l’action et de la revendre plus cher ultérieurement. La deuxième source de gains est celle des dividendes. Il s’agit d’une petite part de l’action que l’entreprise peut choisir de verser aux actionnaires. Ceux-ci ne sont pas systématiques et pour les entreprises en versant, il s’agit d’une somme annuelle comprise le plus souvent entre 1% et 7% du prix de l’action.

Les obligations quant à elles sont des titres de dettes. Elles peuvent être émises par des sociétés privées mais aussi par des États directement sur les marchés financiers. Ainsi, l’État peut choisir d’émettre des obligations à hauteur de 5% par exemple où en contrepartie d’un prêt, par exemple 100 euros investis, nous recevons ce rendement annuellement. L’avantage des obligations des États occidentaux est que ceux-ci remboursent leur dette, ôtant quasiment tout risque à ce placement.

Enfin, les ETFs sont les produits boursiers les plus intéressants pour un particulier. Émis par le plus souvent par des sociétés de gestion d’actifs (Blackrock ou Amundi entre autres), ces produits s’achètent comme des actions chez les courtiers. Il s’agit d’un bouquet de différentes actions selon des thématiques. Il peut s’agir d’un secteur, comme l’intelligence artificielle, ou bien d’un indice boursier. Par exemple, l’ETF LYXOR S&P 500 UCITS vendu autour de 280 euros permet à l’investisseur de posséder une fraction d’action de chacune des 500 plus grandes entreprises américaines côtés en bourse. C’est un outil parfait pour diversifier son investissement et garantir une rentabilité sur le long terme. Au lieu d’investir sur une seule entreprise, avec un risque de baisse, on peut investir sur un indice entier dont les performances sont en moyenne de 10% bruts par an pour le S&P 500.

Les autres produits, comme les SICAV, les OPCVM, les options, les Leverage, les Short et bien d’autres sont soit trop chers pour leur gestion, soit trop techniques, soit trop risqués pour garantir un investissement serein pour un investisseur du dimanche dont le seul but est de faire prospérer lentement mais sûrement son épargne. Ils ne seront donc pas traités.

Investir en bourse en pratique

Ces détails théoriques en tête, il convient de choisir son courtier. Le choix doit comporter plusieurs éléments tels que les frais d’ordres en bourse, payés à chaque achat et à chaque vente en bourse, ainsi que les montants minimums par ordre de bourse (c’est-à-dire l’opération par laquelle vous achetez/vendez un ou plusieurs même produit). Sans entrer dans les détails, les banques traditionnelles ne sont pas les plus adaptées pour un étudiant qui investit 100 euros tous les mois et il convient plutôt de se tourner vers des courtiers en ligne comme Degiro, Boursobank (ex-Boursorama) ou Bourse Direct.

Ensuite, il convient de rappeler que les plus-values (vos bénéfices sur la vente du produit) et les dividendes sont imposés à hauteur de 30% en France (ou à l’impôt sur le revenu sous certaines conditions). Ainsi, si vous vendez une action 110 euros que vous avez acheté 100 euros, vous devrez payer 3 euros de taxes (12,8% d’impôts et 17,2% de prélèvements sociaux).

En France, deux types de comptes en bourse sont très fréquents. Le PEA et le compte-titres. Le premier permet d’être exonéré d’une partie des impôts en contrepartie du fait que l’on doit le garder au minimum 5 ans et que seul les actions de l’Union européenne peuvent être achetées avec. Aussi, il n’est pas possible d’acheter des obligations et des produits dérivés dessus. Le compte-titres quant à lui permet d’acheter tout type de produits dans les zones géographiques proposées par votre courtier, sans exonération par contre. Le choix du PEA semble plus intéressant pour un débutant.

Il convient désormais de choisir ses produits. Pour cela, il convient de choisir quelle proportion du portefeuille boursier, et ceci est propre à votre situation. Un ratio de 80% de produits un peu risqué contre 20% de produits sûrs peut-être intéressant si votre aversion au risque est minimum. Pour le choix des actions, on peut choisir celles d’entreprise déjà installées et rentables, comme LVMH ou une grande banque par exemple, qui garantissent une croissance lente mais sûre avec des dividendes. Mais aussi celle de petites sociétés technologiques prometteuses où une grande croissance est possible, mais pas garantie, et où il ne faut pas espérer toucher de dividendes.

Les trois choses les plus importantes

Maintenant que les questions pratiques ont été abordées, il convient de noter 3 choses très importantes. Ces 3 valeurs seront essentielles pour garantir une bonne évolution de vos investissements boursiers.

Le premier est la régularité de vos investissements. L’idéal est d’investir la même somme tous les mois. Si il est compliqué en tant qu’étudiant de mettre mensuellement 100 euros de côté, c’est plus simple lors de la vie active. La solution est de faire du mieux que l’on peut au début et de ne surtout pas retirer les gains. Il faut les réinvestir dès qu’on les obtient pour bénéficier des intérêts composés. Quelqu’un qui investit 200 euros par mois pendant 30 ans avec rendement moyen de 7% nets par an (comme par exemple un ETF S&P 500) aura un capital de 235 212,97 euros. Si cette même personne le fait dès l’entrée dans la vie active jusqu’à sa retraite, c’est-à-dire pendant 40 ans, le capital sera de 497 103,29 euros, dont seulement 20% viennent des versements mensuels.

Néanmoins, l’économie traverse des crises régulières, tous les 10 ans environ, et c’est à ce moment-là qu’ il ne faut pas céder à la panique. La patience sera la plus grande des vertus. Voir ses investissements fondre de 40% en quelques semaines est stressant et inquiétant, mais la bourse est un investissement de long-terme et il faudra savoir attendre pour que ceux-ci remontent. Au fur-et-à-mesure que l’on s’approche de la retraite, il faut augmenter la part d’obligations d’États (peu risquées) dans son portefeuille pour limiter les pertes en cas de crise.

Enfin, la dernière des qualités à avoir pour bien investir en bourse est la curiosité. Le choix des actions à acheter ne doit pas être aveugle. S’informer de l’actualité économique et géopolitique est très important pour comprendre les fluctuations de nos produits. Aussi, il faut apprendre à connaître les bonnes sources d’informations, comme les grands fonds d’investissement ou les banques qui se trompent rarement, afin de choisir judicieusement ses investissements. Il ne sert à rien d’acheter de très chères formations quand deux ou trois livres et la lecture de la presse économique suffisent à l’investisseur lambda à pérenniser ses investissements.

Ainsi, l’investissement boursier, dont l’image est celle d’une pratique risquée et réservée aux riches, est en réalité accessible à tous et se trouve être nécessaire pour garantir un avenir plus serein. Il convient de bien connaître les ressorts de ce milieu et de rester informé. Prendre des risques inconsidérés est rarement gagnant, contrairement à la perspective du long-terme.

Sources :
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