Exode en guerre
Ils dansent dans le feu, ils dansent dans le feu,
Alors taisez-vous et laissez-leur la parole,
Taisez-vous, ce n’est pas votre sol qu’on immole.
Dansez-vous dans le feu, dansez-vous dans le feu ?
Nous voulons fuir ce lieu, nous voulons fuir ce lieu.
Pourquoi brûlez-vous nos cités et nos enfants ?
Pourquoi nos pluies sont-elles de poudre et de sang ?
Éteignez tous vos feux, éteignez tous vos feux.
Laissez-nous fuir ce lieu, laissez-nous fuir ce lieu.
Vous tranchez notre chair, nous trancherons vos mers.
Tout nous brûlera, le sel, l’air et la lumière.
Nous implorons les dieux, nous implorons les dieux.
Par pitié soyez pieux, par pitié soyez pieux.
Laissez-nous entrer, nous ne voulons que la paix.
La mort nous attend, vous avez fermé vos quais.
Nous vous disons adieu, nous vous disons adieu.
A nouveau dans les feux, à nouveau dans les feux,
Nos compères osseux, maigres et piteux pleurent.
Ainsi, en enfer, nous attendons tous notre heure. Ah, de nouveau il pleut, ah, de nouveau il pleut… Baptiste Favre
Malheur et stoïcisme
Maudissant les foules de ne pas m’admirer,
Fustigeant l’univers de m’avoir façonné,
Ordonnant au destin de ne pas s’acharner,
Blasphémant les Dieux de m’avoir abandonné,
Je n’ai jamais fauté, je n’ai jamais échoué.
Le système et les lois m’ont toujours oppressé.
La société aspire à me persécuter,
Où est le coupable, de chacun de mes péchés ?
Mes yeux cherchent alors qui je peux accuser,
Mon âme scrute la couleur de chaque idée.
Mais lorsqu’enfin je l’entrevois, il apparaît
Dans le miroir, où ne brille que mon reflet.
Baptiste Favre
Dieu
L’Homme, imparfait, a créé un Dieu parfait.
Dieu, parfait, a créé des Hommes imparfaits.
Baptiste Favre
Enfers et insomnies
Maintenant que le soleil s’en va,
Qu’Éôs replie le voile des astres de ses aubes,
Que s’installent le crépuscule et la ténèbre des cieux ;
Maintenant que les couleurs d’Hécate et d’Hélios s’emparent
Et découlent de la grande beauté étrennée de tes yeux,
La douleur ronge tes lèvres : Séléné est là.
Le tourment qui s’empare de ton âme quand tu traverses la nuit,
Brûle dans tes veines. Ton cœur se meurt et tu cries, tu allègues Apollon,
Tu cherches la lumière pour chasser l’obscurité de tes démons.
Le sang d’Athéna ruisselle de ta bouche, ma douche, tu es une demi-déesse ;
Pleinement humaine le jour, Eurydice les soirs de pluie,
Attendant douloureusement qu’Orphée apparaisse
Et te délivre de tes peines, le venin des enfers de tes longues nuits.
Chloé Urso
« Ubi societas ibi jus » : « Là où il y a une société, il y a du droit »
L’Aveugle se dérobe aux Toges mouvantes
Un bandeau sur les yeux, l’aura éclatante
S’échappant, sans jamais perdre son souffle.
Les Hommes que les robes camouflent
Cherchent, tous d’intentions auréolés,
A capturer la femme aux yeux bandés.
Intangible et insaisissable
La mère des Vertus
Persiste, inatteignable
Échappant à leurs mains tendues.
Les Hommes, luttant contre leurs maux, espèrent,
Persistants, pour vivre près des lumières
De ce que fut Minerve jadis,
Ô, Justice.
Bérénice Crozier
Je suis venue te dire
Je suis venue te dire que tout n’est pas fini
Que je ne pars pas, non,
Mais que l’aube s’en vient tandis que la nuit s’en va.
Je suis venue te dire que tu commences
Qu’il y aura bien d’autres jours sans espoir,
Bien d’autres nuits passées dans le brouillard
De tes pensées
Enivrées
Par la brume du doute et le parfum de la peur.
Enivrées, rendues saoules par ces âmes malmenées
Ridicules et essoufflées
Caprices de ta vulnérabilité
Orgueils de ta superficialité.
Je suis venue te dire que je te hais.
Et je suis venue vous dire, à vous,
Aux rêves archaïques, aux rêves prosaïques,
Seulement assoiffés d’esthétique ;
Que vos songes s’avilissent de victoires
Mais que vos gloires sont bien vaines
Simples costumes illusoires,
Soie couleur de haine.
Seulement,
A mon âme à moi,
Je suis venue lui dire,
Passion, Prend patience
Talent prend son temps.
Bérénice Crozier
Lune de sang
Il ne reste rien de la divine romance
Sinon les pages brûlées d’un livre rance
Gisant dans l’infini des temps
Au décor rouge sang
La lumière de la lune ce soir
Hurle mon désespoir
Dans l’insouciance de l’amour
Et l’absence en retour
Le train s’arrêta bien tôt ce soir
Sur le quai de gare, un dernier au revoir
L’amour défile si vite et si tard
Que j’aurais souhaité un ultime retard
J’ai manqué l’embarquement
J’ai cru en l’amour bien naïvement
Et l’avion ne m’as pas attendu
Triste redevance du temps perdu
Discutant avec les saints astres
J’ai pourtant souffert de ce désastre
Je leur ai contés mes peines et sacrifices
Me dirent-ils « la vie est étrange fils »
Sur le port je vois le navire au loin
Je ne le regrette pas moins
Je laisse juste mourir l’amour naissant
Sous le regard de cette lune de sang.
Alexis Quantin
Paix
Les yeux océans plongés dans le ciel
Scrutant chaque parcelle de la voûte
Je contemple le sublime essentiel
Et les belles mélodies que j’écoute
Les nuages me parlent davantage
Leurs discours me plaisent, je leur souris
Loin des leurres, mensonges et chantages
Je respire l’air du bonheur nourri
J’oublie l’humanité quelques secondes
Je souffle et je m’extirpe de ce monde
Je larmoie sur les roses qui se fanent
Le sang coule sur les fleurs de demain
Mon esprit vagabonde ce matin
La mort m’embrasse de ses douces lèvres.
Alexis Quantin
Oublie-moi
Cette nuit je m’éloignerai de toi
Tu trouveras une lettre à ton chevet
Des mots couchés sur le papier net
Qui entre tout écrit provoqua mon émoi
Tu liras à travers tes larmes
Les derniers mots d’une romance
Car j’ai déposé les armes
Dans une ultime et folle danse
J’ai valsé l’amour par inadvertance
J’ai feint ses délices
Sans vraiment comprendre le sens
Des roses changeant les lys
Je t’aurai aimé à l’aube des jours
Pourtant aimer ne suffit pas toujours
La vie est un combat dont on sort peiné
Mais il faut accepter de continuer
Les horizons sont incertains
Et les autres aussi
Les heures pleurent les matins
Nous aussi
Qu’il est dangereux d’aimer
Quand ta main dans la mienne
Était mon monde entier
Et que nos heures étaient sirènes
Je t’ai aimé plus qu’un homme ne pouvait
Touchant le soleil, j’ai brûlé
Revenu sur Terre je pleurais
Pris dans les silences, à la hurlée
Oublie-moi mon amour
Hais-moi fort en retour
Ne pleure pas les semblants éternels
Ne succombe pas à la douleur du sel
Ne me regrette pas s’il te plaît
N’écourte pas les chansons de ton être
Dans ses immensités, monde du paraître
Reste le roi en ton humble palais
Je t’aimerai pour l’éternité
Et même plus
Car le ciel ne saurait m’arrêter
Alexis Quantin
Le poète
Au fil du vers, le poète croit déceler dans les mots une certaine vérité
En eux il trouve tout le beau
Par eux il croit maitrisé ce chaos
Il vit, rêve et meurt dans cette solitude bénie
Où tout pour lui, sonne comme un prélude maudit
Au fil du temps son esprit s’étiole
Enfin tout finit par clarté
Car dans l’aube épilobe se dévoile enfin l’infinie félicité.
Hugo Puncel
Le choix de l’amour
J’ai cru avoir la liberté de penser,
La sotte idée qu’il en allait de la volonté de chacun de se jeter dans cette cour sans sortie et où le seul échappatoire est de grimper aux rosiers en laissant aux atlantes le témoin vermeille de notre souffrance.
La réalité est que cet amour exalté est une exaction des plus fuyantes pour ceux qui ne laisseront ni atlantes souillées, ni de cœurs en peine.
Un hydre se dessine alors, la première tête est la crainte de se quitter sans ne plus jamais savoir aimer, la deuxième est la vanité de croire que l’on puisse affliger le plus cruel des maux : aimer.
Hugo Puncel
Lettre à ma génération
N’avons-nous rien en commun,
Sommes-nous condamnés à errer dans les ténèbres,
Lorsqu’il écrivait « enfant du crépuscule, vous êtes chez vous dans la pénombre » Ne parlait-il pas de l’aurore qui se dessine à l’horizon ?
N’ayons point de rancœur pour ceux dont le cœur s’est égaré alors même que l’adulation nous a souvent irrités, je pense par zèle et fierté, que nous serons vainqueurs.
Hugo Puncel