Disclaimer : Cet article vise à présenter le film en évitant de spoiler l’intrigue. Quelques éléments pourraient en dévoiler une partie, sans gâcher le plaisir du visionnage
Sorti en 2006 dans les salles de cinéma, Les Infiltrés, ou The Departed, est un long-métrage réalisé par Martin Scorsese. Avec Jack Nicholson, Matt Damon et Leonardo Dicaprio en tête d’affiche, ce film présente une lutte effrénée entre la police du Massachusetts et la pègre irlandaise de Boston. Oscarisé en 2007 pour le meilleur film et d’autres, découvrez un film novateur sur la mafia irlandaise au cœur des années 2000.
I. Un remake d’un film hong-kongais à Boston
Très inspiré de Infernal Affairs, un film de Hong-Kong, Les Infiltrés est un film policier se déroulant dans la ville de Boston, situé sur la côte-est américaine. Dans cette ville jamais représentée dans les films de Scorsese, à l’inverse de New-York comme dans Taxi Driver ou Gangs of New-York, le réalisateur montre les différents aspects de la capitale de Boston.
On y découvre les beaux quartiers où réside Colin Sullivan, l’un des protagonistes, mais aussi la banlieue de South Boston où se concentre la mafia irlandaise, bien loin des bureaux vitrés de la police d’État menant l’enquête contre cette dernière.
Par ailleurs, le film s’inspire de la réalité. Frank Costello, incarné par Jack Nicholson, trouve ses origines dans Whitey Bulger. Ce criminel bien réel a été condamné à une lourde peine de prison pour des meurtres commis pour la mafia irlandaise, avant d’être massacré par vengeance par ses co-détenus. Pourtant, il a été longuement couvert par le FBI comme informateur.
II. Un volte-face haletant entre policier et mafieux
Le film adapte en Occident le scénario de Infernal Affairs qui se concentre sur deux destins croisés. D’un côté, nous découvrons Leonardo Dicaprio dans le rôle de Billy Costigan, un jeune policier infiltré dans la mafia irlandaise grâce à ses origines familiales. De l’autre, Matt Damon incarne Colin Sullivan, un homme de main de Frank Costello infiltré dans le service de la lutte contre le crime organisé de la police du Massachusetts.
Toute l’intrigue tourne autour de ces deux dimensions. Au fur-et-à-mesure du film, les deux protagonistes manquent à plusieurs reprises de découvrir qui se cachent derrière les apparences. Que ce soit dans la police ou dans la pègre, les désaccords mais surtout les trahisons surviennent à tout moment.
Entretenant à merveille la tension de cette opposition croisée, Martin Scorsese offre deux personnages radicalement différents. Tandis que Colin Sullivan dépeint le portrait typique du haut gradé de la police arrogant et sûr de lui, Billy Costigan est un personnage fragile luttant contre ses démons.
III. Le rôle central de la violence
Un des éléments omniprésent dans le film est la violence. Si Martin Scorsese nous a habitués à d’effroyables scènes dans Casino ou Les Affranchis, Les Infiltrés dépasse un cap dans la représentation de la violence, à la fois visuellement mais aussi dans la narration.
Dans les films sur la mafia, surtout ceux des années 1990, la violence est déjà présente. Mais elle prend place dans un cadre narratif, marquant souvent l’aboutissement d’une vengeance préparée ou bien pour montrer le côté sombre d’un personnage comme celui de Joe Pesci dans Casino. Dans Les Infiltrés, la violence est omniprésente et les meurtres sont presque anodins. Le sang, d’habitude discret, se trouve ici abondant.
Franck Castello, parrain de la mafia irlandaise, enchaîne les exécutions mafieuses. Le rôle est interprété par Jack Nicholson, connu pour son rôle terrifiant dans Shining. Une légende raconte que l’acteur, afin d’effrayer Leonardo Dicaprio sur le tournage par souci de réalisme, rapporta un véritable pistolet sans en aviser la réalisation.
Malgré tout, cette violence n’est pas sans conséquences. Au cours d’une des scènes les plus sombres du film, Dicaprio mendie du valium à sa psychiatre. Le dialogue est entrecoupé du meurtre d’un ancien allié de Costello, tentant de se défendre avec un des jouets de son fils. Le traumatisme naissant sur le visage de Billy Costigan laisse comprendre au spectateur que cette infiltration dans la mafia a un prix inestimable.
IV. Pourquoi regarder Les Infiltrés ?
Les Infiltrés remplit tous les critères nécessaires à un bon film. Long de 2 heures 30, il raconte une histoire complète, prenant le temps de développer les personnages, l’intrigue et en apportant une fin de très bonne qualité. Le rythme dynamique accompagne le spectateur jusqu’au bout sans lui laisser le temps de s’ennuyer.
Épaulé par une très bonne réalisation et un très bon casting, le film offre une expérience marquante au spectateur, laissant une sensation amer sur cette histoire tragique. Loin d’être un film manichéen où police et mafia sont deux camps clairement distincts, nous découvrons à la fois l’horreur du crime organisé, parfois trop glamourisé comme dans Les Affranchis, mais aussi la corruption rongeant de l’intérieur la police.
Si vous avez le cœur bien accroché, n’hésitez pas à plonger dans ce polar brutal, désormais classique du cinéma.