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samedi 15 février 2025

Le journal des étudiantes et étudiants de Lyon 3

La French Touch ou le Soft Power à la française

Cassius, Daft Punk, Air, Phoenix, Busy P, DJ Mehdi, Kavinsky, Stardust, Alan Braxe, Étienne de Crécy, Breakbot, Irfane, Bob Sinclar, Martin Solveig, David Guetta, Dimitri From Paris, Laurent Garnier, DJ Grégory, etc.

Si ces noms vous semblent familiers, il y a de quoi, car ces artistes partagent un point commun : ils ont révolutionné une période de la musique électronique en créant un courant à part entière : la French Touch.

Pas mal, non ? C’est français.

La French Touch apparaît au milieu des années 90, et c’est avec brio qu’elle parvient à se placer au cœur de la scène musicale internationale. À travers les noms cités plus tôt, nous effectuerons une rétrospective sur l’arrivée de ce phénomène, sa montée en puissance et son déclin. Bien que la French Touch ait semblé « disparaître » pendant un temps, les derniers Jeux olympiques organisés dans la « Ville Lumière » ont ravivé cet élan artistique.

Premier Chapitre : L’émergence de la French Touch (La décennie 1990)

Au début des années 80, la musique électronique prend de plus en plus d’ampleur, notamment sur la scène américaine. Chicago devient la ville pionnière d’un courant musical appelé « house music ». Ce style, né dans la célèbre boîte de nuit The Warehouse, révolutionne la musique et ouvre une nouvelle dimension artistique. À Chicago, la house se développe grâce aux synthétiseurs et aux samples vocaux, tandis qu’à New York émerge un style proche, le « garage house », influencé par la soul et le funk des années 70. Du côté de Détroit, c’est la « techno » qui voit le jour, fusionnant des sons éclectiques avec une base de house music.

Cependant, ce mélange musical ne migre pas immédiatement en France. Il transite d’abord par l’Angleterre, où certains DJ français, comme Laurent Garnier, découvrent ce style et s’y intéressent. En raison des politiques restrictives de Margaret Thatcher, interdisant les rassemblements de « musique répétitive » à partir de 1988, un flux migratoire amène ce mouvement en France.

C’est ainsi que la house music s’installe dans des lieux comme le club parisien Le Palace, avec des DJ tels que Laurent Garnier et David Guetta. En 1991, l’expression « French Touch » apparaît pour la première fois sur une veste d’Éric Morand, ancien directeur du label Fnac Music Dance Division, arborant l’inscription : « We Give a French Touch to House ».

En 1994, Bob Sinclar et DJ Yellow fondent le label Yellow Records, qui connaît rapidement un grand succès et contribue à l’exportation de l’électro à la française. Mais c’est entre 1995 et 1997 que la French Touch explose sur la scène internationale, avec des albums comme Boulevard de St Germain, Pansoul de Motorbass (Étienne de Crécy et Philippe Zdar), et Homework des Daft Punk. Ce dernier établit durablement ce courant sur la scène mondiale. Toutefois, la French Touch connaît un ralentissement vers la fin des années 1990, certains la qualifiant même de « ringarde ».

Second Chapitre : La « French Touch 2.0 » et son déclin (Années 2000-2010)

À la fin des années 90, une surproduction et une médiatisation excessive conduisent à une baisse de popularité de la French Touch. Cependant, elle revient en force au début des années 2000, marquée par des artistes comme Bob Sinclar, David Guetta, et Martin Solveig, qui dominent la scène internationale.

Les années 2000 voient aussi la naissance du label Ed Banger Records, fondé par Pedro Winter (alias Busy P), ancien manager des Daft Punk. Ce label devient le creuset d’une nouvelle génération d’artistes, comme Justice, DJ Mehdi, Breakbot, Irfane, et Kavinsky, tout en permettant à des pionniers comme Cassius ou Étienne de Crécy de renouer avec le succès.

Ces années ont fait de la French Touch un mouvement incontournable de la scène internationale, mais, à nouveau, le style finit par s’essouffler, jugé répétitif et trop commercial par certains puristes.

Chapitre Final : Le ravivage de la flamme (JO de Paris 2024)

L’année 2024, marquée par les Jeux olympiques de Paris, symbolise le retour de la French Touch. Après des années d’absence, le duo Justice sort l’album Hyperdrama, annonçant un été dominé par la musique électronique française.

Le 26 juillet, lors de la cérémonie d’ouverture des JO, des morceaux emblématiques de la French Touch résonnent, bien que les artistes eux-mêmes soient peu présents (seul Sébastien Tellier sera présent en nous offrant une magnifique interprétation de sa chanson signature « La Ritournelle »).

Il faudra attendre le 11 août. Si ce jour est synonyme de la clôture des Jeux Olympiques, il est aussi celui de la renaissance du mouvement French Touch. Durant la cérémonie de clôture, tous les artistes phares du mouvement, qui ne s’étaient pas produits à l’ouverture, offrent un show au monde entier. Se succédant les uns après les autres, ils proposent une très belle rétrospective du mouvement, et ce show final éblouit une nouvelle fois le monde. Le morceau Nightcall de Kavinsky devient le titre le plus shazamé de l’histoire, et les ventes des albums French Touch explosent.

Aujourd’hui, on peut observer après la réussite de JO que le mouvement est pleinement relancé, Boombass, le veuf des Cassius décide de relancer le Cassius Club, des tournées internationales pour Justice, et le collectif ED Banger sont lancées. En septembre, Arte nous délivre un magnifique reportage sur le regretté DJ Medhi, et puis courant Octobre Bob Sinclar et DJ Yellow sortent un livre sur l’histoire de leur label Yellow Records ainsi que sur la French Touch, signant aussi un passage sur l’émission télévisée Quotidien.

Avec ses hauts et ses bas, la French Touch reste un emblème du rayonnement culturel français, continuant de faire danser les foules et de marquer la scène musicale internationale.

Sources :
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