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vendredi 14 février 2025

Le journal des étudiantes et étudiants de Lyon 3

« Bella ciao », le chant partisan hymne de la liberté

Issue d’un auteur italien inconnu, Bella Ciao est depuis des années le symbole de la liberté face à toutes les formes de répression, de contrôle, de tyrannie et de guerre et ce dans le monde entier. Après le succès de « La Casa de Papel« , la chanson partisane italienne semble avoir conquis le grand public, mais l’histoire qui se cache derrière est bien plus qu’une simple bande sonore d’une série télévisée. Quand est né ce chant de partisans ? S’agit-il vraiment de l’hymne de la libération italienne ?

Une histoire incertaine 

Alors que sa diffusion est souvent associée à la période de la Résistance et du mouvement partisan contre l’oppression nazie-fasciste, des études récentes ont montré que la véritable genèse de cette chanson est en réalité différente. En réalité, Bella Ciao n’a jamais été l’hymne de la Résistance antifasciste, car en Italie (et surtout lors des rassemblements du Parti communiste italien), le véritable hymne était « Fischia il vento » (de Felice CASCIONE), l’une des chansons les plus connues et les plus importantes de la lutte pour la libération, qui est rapidement devenue la bande sonore des brigades partisanes “Garibaldi”.

La chanson a commencé à se répandre dans les rangs du mouvement partisan dès la Seconde Guerre mondiale. Mais à l’époque, elle ne figurait pas encore parmi les hymnes de la Résistance. Après la Libération, la version partisane officielle de Bella ciao est présentée au premier Festival mondial de la jeunesse démocratique qui se tient à Prague durant l’été 1947. Lors de ce festival (« Canzoni Mondiali per la Gioventù e per la Pace ») de jeunes partisans d’Émilie-Romagne ont amené comme chanson ce chant qui n’est alors, pas encore célèbre. C’est ainsi que Bella Ciao a été chantée pour la première fois, traduite et diffusée dans le monde entier grâce aux nombreuses délégations participant à l’événement.

Mais dans les faits, Bella Ciao n’a commencé à connaître de succès en Italie que dans les années 1990. Ce sont les années de la crise d’un système politique, du début de la « deuxième République » et d’une lutte contre la mafia marquée par les morts terribles de Falcone et de Borsellino. Dans ce contexte, la chanson connaît un succès incontrôlé et devient en peu de temps le symbole du 25 avril (jour de la libération de l’Italie). 

Un symbole pour le monde 

Bien que sa genèse soit encore incertaine à ce jour, on peut affirmer que le sens et le texte de cette chanson sont devenus un symbole dans le monde entier. Dans le texte, un homme demande à être sauvé d’un envahisseur et, au fil du temps, ce mot a pris différentes connotations. D’abord, les envahisseurs étaient les nazis-fascistes et les partisans, les sauveurs. Puis, après la grande diffusion de masse lors des manifestations ouvrières et étudiantes de 1968, lorsqu’il y avait un thème concernant “les oppresseurs et les opprimés”, Bella Ciao était chanté. 

Au fil des ans, elle a été chantée par divers mouvements de lutte à travers le monde, de l’Amérique du Sud à l’Afrique, de l’Europe à l’Asie. Bella Ciao a été chantée par le mouvement Occupy Wall Street lors des manifestations d’octobre 2011, chantée lors des manifestations contre Erdoğan sur la place Taksim d’Istanbul en 2013, et dans de nombreux autres contextes de lutte comme la guerre civile syrienne, où Bella Ciao est devenue l’une des chansons des indépendantistes kurdes. La chanson est également devenue un des emblèmes de la résistance ukrainienne, à travers la reprise de Khrystyna Solovyi, postée sur Twitter, avec une véritable réadaptation des paroles au contexte de la guerre russo-ukrainienne.

Aujourd’hui, Bella Ciao reste un symbole de résistance et un hymne pour ceux qui luttent contre l’injustice dans le monde entier. Son héritage nous rappelle que la voix du peuple peut être puissante et que la musique peut être un outil de changement et d’inspiration. Lorsque vous chantez Bella Ciao, vous célébrez la force des individus qui se sont battus pour la liberté et la justice. C’est un hommage à ceux qui ont sacrifié leur vie pour un monde meilleur et un appel à continuer à se battre pour un avenir plus juste.

Pourtant méconnue durant la Résistance de la Seconde Guerre mondiale, Bella Ciao restera toujours le symbole d’une libération italienne et le début d’une nouvelle ère loin du fascisme, loin de l’oppression et de la tyrannie. Ce chant, n’est donc pas seulement « la chanson de la Casa de Papel »  puisque ce qui se cache derrière, est beaucoup plus puissant.

Sources :
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