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lundi 22 avril 2024

Le journal des étudiantes et étudiants de Lyon 3

Ayesha Malik: nomination de la première femme à la Cour suprême pakistanaise

Pour la première fois dans l’histoire du Pakistan, une femme juge a été nommée ce 6 janvier, à la Cour Suprême du pays. Ainsi, au sein de la plus haute instance judiciaire du pays, Ayesha Malik siégera au côté de 16 hommes.

 « Le plafond se brise », selon la Secrétaire parlementaire du droit et la justice, Maleeka Bokhari. De plus, la ministre de l’environnement Zartaj Gul-Wazir présente cette journée comme « un jour historique pour l’émancipation des femmes au Pakistan ».

Ayesha Malik, connue pour son combat pour le droit des femmes, a déjà une longue carrière derrière elle. Diplômée du Pakistan College of Law, à Lahore, elle est ensuite admise à la Harvard Law School, aux États-Unis. Par la suite, elle revient au Pakistan pour exercer dans différents cabinets d’avocats. Elle se spécialise d’abord dans les domaines du droit civil, des entreprises et de la banque.

En 2012, elle devient juge à la Haute Cour de Lahore. Par la suite, elle s’engage dans une lutte pour le droit des femmes pakistanaises, notamment pour garantir le droit de vote de celles-ci. 

En effet, le Pakistan, connu pour être un pays conservateur, systématise l’oppression des femmes. Bien qu’en théorie les femmes pakistanaises exercent concrètement le droit de vote depuis les années 1970, en pratique, ce droit est souvent écarté au nom de la tradition.

Le combat d’Ayesha Malik pour l’évolution des mœurs judiciaires encore très patriarcales, se fait réellement connaître du grand public en 2021, lorsqu’elle parvient à faire interdire les tests de virginité. En effet, le test des « deux doigts » était régulièrement utilisé afin de connaître le passé sexuel des victimes de viols. Ce test permettait de faire basculer aisément un dossier en défaveur des victimes, d’autant plus que cela constitue un second viol. Elle fut la première à dénoncer ouvertement cette pratique en déclarant que celle-ci était : « humiliante et utilisée pour jeter la suspicion sur la victime, au lieu de se concentrer sur l’accusé et le viol ».

Cependant, cette nomination semble diviser le monde judiciaire, et ne fait pas l’unanimité. D’une part, l’Ordre Pakistanais des Avocats a appelé début janvier à une grève afin de protester contre la nomination d’Ayesha Malik.

D’autre part, beaucoup voient en cette nomination l’espoir de briser le système patriarcal et d’ouvrir la voie à d’autres femmes vers le monde de la justice, comme Nida Usman Chaudhary, avocate et fondatrice de l’association Women in Law Initiative. En effet, selon WLI, en juin 2021, le Pakistan comptait 15 % de femmes juges dans les tribunaux et seulement 5 % dans les hautes cours. 

Le monde de la justice pakistanaise étant largement dominé par les hommes, Ayesha Malik aspire à « porter la voix des femmes, dénoncer les discriminations, les stéréotypes et sensibiliser aux questions de genre ». Elle déclare lors d’une interview à l’office des Nations Unies contre la drogue de le crime : « Je suis cette voix qui attire l’attention et cherche des moyens pour rendre notre système judiciaire plus inclusif ».

Avoir une femme au sein de la Cour suprême semble amener le Pakistan sur une nouvelle voie, et permet une influence positive sur les mentalités, bien que les lois sur la protection des femmes restent encore difficiles à mettre en œuvre. 

Ainsi, en ce début d’année 2022, le Pakistan emprunte la bonne direction pour le droit des femmes bien que la route semble être encore longue. Selon le rapport mondial sur l’écart entre les genres du Forum Économique Mondial, le Pakistan occupait en 2021 la 153ème place sur 156 en termes de protection du droit des femmes.

Sources :
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