Aujourd'hui :

samedi 20 avril 2024

Le journal des étudiantes et étudiants de Lyon 3

Amedeo Modigliani : le cliché de l’artiste maudit

Dans son livre autobiographique, La promesse de l’aube, la mère de Romain Gary projette  beaucoup d’espoirs en son fils. Elle l’imagine musicien, écrivain, diplomate, Président de la  République. Mais lorsqu’il s’essaie à la peinture, sa mère la lui proscrit : « Tu as peut-être du  génie, et alors, il te feront crever de faim », lui a-t-elle dit. « (…) pour une raison ou une autre,  peinture et vie ratée allaient ensemble dans son esprit. » 

En effet, la force créatrice de la peinture semble maudire ceux qui s’y approchent de trop près. Les  plus grands talents tel que Van Gogh, Basquiat et Khalo par exemple, ont subit la maladie, la peine de ne pas être reconnu, les drames personnels ou le suicide. Mais celui qui semble  avoir connu un destin particulièrement tragique était surnommé « Modi » (en référence à son nom, mais aussi au fait qu’il semblait maudit), de son vrai nom : Amedeo Modigliani. 

Né en 1884 dans une famille bourgeoise de Livourne en Italie, Amedeo Modigliani manifeste une  vocation d’artiste-peintre très jeune. Il se forme aux écoles des beaux-arts de Florence et de Venise,  puis il part pour Paris en 1906. Il y fréquente les cafés, les antiquaires et les artistes de Montmartre, vivant une vie de bohème et de débauche.  

Sa santé n’a jamais été très bonne. Très tôt, il a contracté des problèmes au niveau des poumons.  Ajouté à cela, il mène un mode de vie particulièrement marqué par ses excès (alcool, drogue et  sexe) qui ne fait que négliger sa santé déjà fragile. 

Du côté de sa réussite en tant qu’artiste, Modigliani réussit à se faire un nom de son vivant. Mais celui-ci est dérisoire comparé à la reconnaissance qui lui est accordée de nos jours. La pauvreté dans  laquelle il a vécu presque toute sa vie contraste avec la vente de la toile Nu couché aux enchères de 2015 qui atteint la somme de 170,4 millions d’euros. 

Connu pour son tempérament particulièrement colérique, il adopte une toute autre attitude lorsqu’il s’agit d’art. Des études récentes de ses tableaux ont révélé le caractère patient, persévérant et méticuleux du peintre. Son travail se caractérise par la recherche de la perfection (il utilise parfois  dix pigments différents pour obtenir un noir parfait). Modigliani est reconnu par son style particulier inspiré de Picasso, Gauguin ou encore Cézanne, s’inscrivant ainsi dans le courant du  classicisme et du postimpressionnisme. Portraitiste, Modigliani peint des visages fins et allongés,  des corps souvent nus, des bouches légèrement épaisses et des yeux en amande, incolores et  dépourvus de pupille. Ses portraits peuvent être classés en deux catégories : Amedeo peint ses amis  et contemporains (Portrait de Pablo Picasso, Portrait de Maurice Drouard, Jean Cocteau, Paul  Guillaume) et des anonymes (La juive, La fillette en bleu, Le petit paysan). 

Bien que Modigliani soit connu pour ses toiles, il dévoue une partie de sa vie à la sculpture. Le style singulier de l’artiste identifiable dans ses tableaux se retrouve dans ses statues. Malgré les 4 ans qu’il consacre à la sculpture (de 1910 à 1913), la rareté du matériel et la poussière qui influe sur ses problèmes pulmonaires l’obligent à abandonner la sculpture afin de se consacrer exclusivement à la peinture. 

En 1917, a lieu, à la galerie Berthe Weill, la première et la seule exposition personnelle de  Modigliani. Il y expose des nus qui font scandales et notamment Nu couché qui laisse apparaître les poils pubiens d’une femme. La police intervient et clame outrage à la pudeur et aux bonnes mœurs. Les tableaux de nu sont décrochés des murs et aucun ne sera vendu durant cette soirée. 

Au cours de l’année 1917, Amedeo Modigliani rencontre Jeanne Hébuterne. Elle est jeune. Elle peint. Ils tombent amoureux. Jeanne s’en va vivre avec son amant au détriment de l’opinion de ses parents. Elle devient la muse de Modigliani, qui la portraiture 25 fois (Portrait de Jeanne Hébuterne au collier, Jeanne Hébuterne assise), pas une seule fois nue et avec des yeux bleus où l’on aperçoit ses pupilles. Il aimait dire : « Je peindrai tes yeux lorsque je connaîtrai ton âme. » 

Modigliani meurt en 1920, à 35 ans, de la tuberculose. Laissant derrière lui, un héritage artistique  colossal, une enfant et une femme meurtrie par la mort de l’homme qu’elle aimait. La légende raconte que Jeanne Hébuterne s’est recueillie auprès de la dépouille de Modigliani et y a laissé une mèche de ses cheveux brun sur son torse. Une fois rentrée chez elle, elle se jette du 5e étage, tuant  avec elle, le second enfant qu’elle était en train de porter. 

Sources :
Partager cette publication :
Facebook
Twitter
LinkedIn
Email
WhatsApp