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dimanche 9 novembre 2025

Le journal des étudiantes et étudiants de Lyon 3

Revue documentaire : Château Rouge, libérer la parole des jeunes

Vue à la 7ème édition du festival international du film politique : Le documentaire Château Rouge de Hélène Milano, une caméra qui se pose sur les jeunes, une caméra qui écoute, et raconte.

Le long-métrage qui est sorti le 22 janvier 2025 au cinéma a été présenté à la 7ème édition du festival international du film politique de Carcassonne et renouvelle le genre du film documentaire français sur l’éducation. La réalisatrice, Hélène Milano, décide de s’interroger sur le conscient des jeunes Français. Et pour ça, elle a suivi pendant 1 an une classe de 3ème dans le collège George Clémenceau, à la Goutte d’Or au Nord de Paris, près de la station de métro Château rouge. Un quartier défavorisé qui ne passe pas inaperçu dans la narration bien sûr, mais qui n’est pas au centre du parti-pris de la réalisatrice. Hélène Milano raconte lors d’un échange à la fin de la séance au festival de Carcassonne qu’elle a surtout voulu se centrer sur la parole des jeunes, leurs réfections, leurs doutes sur la vie, leur futur, la société et leur rapport avec l’équipe pédagogique. Des témoignages d’élèves parfois très crues et dures, qui nous rappellent simplement ce que nous vivons, et ce contre quoi il faut se battre.

Le documentaire nous plonge dans les doutes et les angoisses de la génération Z : difficulté de l’emploi, secteur bouché, injustice sociale, des angoisses transmises par les parents parfois impuissant comme montré dans le film alors qu’un élève en difficulté est convoqué avec sa mère.

Et le cadre est idéal pour faire ressortir les interrogations, la classe de troisième, celle où l’on doit passer le brevet et surtout savoir ce que l’on veut faire, qui l’on est. Mais la réponse reste sans réponse pour la plupart d’entre eux. On perçoit alors la brutalité de devoir définir sa vie à 14 ans, « c’est trop tôt, c’est dur de faire des choix à cet âge-là ».

La touche personnelle d’Hélène Milano est bien là, cette proximité pudique qui est retranscrite à la caméra. Entre séquences d’immersion dans les classes, et les rendez-vous pédagogiques, on retrouve aussi des interviews sur les doutes, les réflexions des jeunes, et des plans qui montrent juste les adolescents dansant parfois sans gêne devant la caméra. La réalisatrice en est à sa troisième œuvre sur la jeunesse (après Les Roses Noires et Les Charbons ardents). Et avec Céline Loiseau de TS production, elles ont réussi à pousser les barrières et les préjugés sur les collégiens, offrant des portraits singulier et touchant des adolescents d’aujourd’hui. Un projet possible grâce au financement du Fonds Image de la diversité et du FAI doc, l’aide au développement renforcé et l’aide à la distribution.

Beaucoup de fierté, et d’émotions se sont délivrées aux premiers visionnages avec l’équipe et les personnages du film qui ont tous beaucoup appris sur eux même lors de cette expérience. Une justesse dans les témoignages qui touche des publics de tout âge, comme l’ont démontré les échanges du public avec la réalisatrice lors de la 7e édition du festival international du film politique.

« Tout mon travail, jusqu’au montage, a consisté à trouver une manière d’articuler les choses entre ce que vivent les adolescents, l’accompagnement de l’équipe du collège et la violence du système qui atteint son paroxysme au moment de la troisième » explique Hélène Milano. L’équipe pédagogique est là, et elle tente avec les moyens qu’elle a d’écouter, proposer, donner envie aux jeunes de se projeter. Mais dans le quartier populaire de la Goutte d’Or à Paris, certains enfants d’immigrés sont privés de l’un de leur parent parti travailler ailleurs. L’absence touche, l’absence tâche, et les jeunes trouvent beaucoup de difficultés à gérer leurs émotions, et à les exprimer. Le corps scolaire prend alors avec beaucoup de précaution chaque cas, afin d’apporter l’attention dont certains manquent, dans une période où ils se sentent seuls, parfois dépourvus dans le cas de leur situation sociale, et envahis par la découverte d’un monde injuste.

Donner confiance, parler, offrir le temps de chercher ses mots et de s’exprimer, même s’il y a des erreurs, c’est la ligne de conduite de certains professeurs, de l’administration qui proposent une nouvelle vision de l’enseignement et de l’accompagnement scolaire. Une équipe scolaire d’exception lorsque l’on voit le mode de fonctionnement d’autres établissements qui se sentent submergés avec des classes trop pleines et des coupes budgétaires qui sapent la qualité de l’enseignement, de l’écoute et des aides proposées.

Ainsi, Hélène Milano, en proposant de redonner de l’humanité et de la personnalité à chacun, ce long-métrage pose des clefs de réponses positives de ce que la collectivité peut faire et de l’engagement consacré à l’éducation de nos jeunes, afin qu’ils se sentent le plus confiant à poursuivre leur carrière et leur avenir.

Sources :
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