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dimanche 15 juin 2025

Le journal des étudiantes et étudiants de Lyon 3

Private Equity : La Quête du Rendement Absolu

La notion

« Les intérêts composés sont la huitième merveille du monde. Celui qui les comprend les gagne, et celui qui ne les comprend pas les paie. » disait Albert Einstein. Les intérêts composés sont la clé de tout investissement long-terme. Le private equity ou « capital investissement » est une classe d’investissement long-terme très intéressante et parfois trop peu connue.

Celui-ci consiste en une classe d’investissement du capital dans laquelle un investisseur achète des parts d’une entreprise non-cotée en bourse. Cet investissement peut être réalisé par un investisseur privé mais l’est aussi souvent par des investisseurs institutionnels comme les fonds d’investissement. Le private equity est dit private par le fait que les entreprises choisies pour ce type d’investissement sont privées, au contraire des entreprises dites publiques, qui sont cotées en bourse. Cet investissement dans des entreprises publiques est lui appelé public equity.

Le private equity est un investissement long terme et à haut risque. Contrairement à la volatilité des marchés boursiers, le private equity se concentre sur une stratégie de création de valeur sur le long terme. Il est appréhendé très différemment des autres classes d’investissement telles que la bourse, les obligations ou encore l’immobilier étant donné son haut niveau de risque et son manque de liquidité. Il est considéré comme très peu liquide du fait que l’investisseur ne peut retirer son capital que lorsque ses parts lui sont rachetées (généralement entre cinq à dix ans après investissement initial). En effet, le private equity s’effectue non sur des marchés publics mais entre investisseurs et acheteurs, se négociant des titres de gré à gré. Les associés des entreprises peuvent être à la recherche de liquidités ou de l’expertise nécessaire pour pouvoir développer leur entreprise et vont trouver ces ressources chez les investisseurs.

Plus concrètement, quel est l’intérêt du private équity ?

Le private equity, permet autrement que l’apport de capitaux, l’apport d’une expertise et d’un soutien de la part de l’investisseur. Celui-ci plaçant son capital dans l’entreprise souhaite effectuer une plus-value en faisant fructifier ses titres sociaux puis en les revendant à d’autres investisseurs plus tard dans le cycle de développement de l’entreprise. Cette revente des parts peut intervenir à différents moments de la vie de la société et peut être très différente selon les situations. Les fonds de private equity jouent ainsi un rôle d’accélérateur, en apportant non seulement du capital, mais aussi une expertise, un réseau et des conseils stratégiques.

Bien que extrêmement risqué, « à grands risques, grandes récompenses », le private equity peut s’avérer extrêmement lucratif pour l’investisseur avisé. Si l’entreprise se développe beaucoup sur le long terme, l’investisseur peut voir son investissement crever le plafond et réaliser un exit lui permettant de multiplier son capital investi. « Sky’s the limit ».

Les catégories de capital investissement

Le capital-investissement (private equity) se décline en plusieurs catégories, chacune correspondant à un stade du cycle de vie d’une entreprise.

Le capital-risque concerne surtout les start-ups et les jeunes entreprises. Les investisseurs acceptent alors de financer des projets à potentiel élevé mais très risqués, car ces sociétés ne sont pas toujours rentables. En prenant des participations dans l’entreprise, ils espèrent des plus-values importantes en cas de succès.

Lors d’un investissement en start-up, les investisseurs depuis les débuts de la société, également nommés « business-angels » prennent des parts lors du seed-round (littéralement phase de graine), permettant de financer le concept de la start-up dès ses débuts et vont chercher une plus-value lors de la revente de leurs parts à un investisseur intervenant à un autre « round » (ou tour de table en français). Cela peut s’effectuer lors de l’early stage ou du later stage ou encore bien plus tard lors de la cotation en bourse de la société, qui reste très exceptionnelle. Il faut généralement plusieurs années aux investisseurs pour pouvoir retirer leur capital en l’ayant fait fructifier avec l’augmentation de la valorisation de l’entreprise (et donc augmentation de la valeur de leurs parts).

Les licornes, ces start-ups valorisées à plus d’un milliard d’euros, sont souvent passées par plusieurs tours de financement en capital-risque avant d’atteindre maturité. Une licorne est une jeune société, en règle générale de moins de 10 ans et non cotée en bourse, qui affiche une valorisation de plus d’un milliard de dollars. Par exemple, la start-up Mistral est valorisée près de 6 milliards d’euros et celle-ci n’est encore que peu rentable par rapport à sa valorisation, les investisseurs misant sur son potentiel de développement.

Cet investissement en capital-risque est crucial pour de nombreuses start-ups en développement qui nécessitent des capitaux et sans ces liquidités, celles-ci ne pourraient pas survivre. Mais c’est extrêmement risqué pour les investisseurs. C’est d’autant plus vrai que 90 % des startups échouent complètement selon les rapports de l’organisation Startup Genome.

Le capital-développement s’adresse aux entreprises déjà rentables mais qui ont besoin d’un coup d’accélérateur pour grandir. Ces investissements sont généralement moins risqués que le capital-risque, car ils concernent des entreprises ayant déjà fait leurs preuves.

Le capital-transmission (ou LBO, leveraged buyout) est utilisé lorsqu’une entreprise change d’actionnaires, par exemple lors du départ d’un dirigeant. Généralement, un fonds de private equity rachète la société avec un effet de levier financier, en finançant l’acquisition via l’utilisation d’une dette.

Le capital-retournement est dédié aux entreprises en difficulté. Les investisseurs injectent des fonds pour redresser la situation, restructurer la société et la rendre à nouveau viable. C’est une stratégie très risquée, mais qui peut s’avérer rentable en cas de réussite du redressement.

Un plafond de verre ?

Des émissions télévisées ont vu le jour, faisant découvrir au grand public cette notion de capital risque. En France, c’est notamment par le biais de « Qui veut être mon associé ? » et aux Etats-Unis avec l’émission Shark Tanks ». Le private equity est connu du grand public mais parfois perçu négativement comme « l’investissement des riches ». En effet, un investissement dans une entreprise privée nécessite forcément des capitaux conséquents et ne peut souvent être inférieur à plusieurs centaines de milliers d’euros. C’est pour cela que des fonds d’investissement spécialisés en private equity ont vu le jour, permettant à de nombreux « petits » investisseurs de s’unir pour apporter leur fonds à des entreprises non-cotées. Enfin, les tickets d’entrée dans le private equity suivent une tendance générale à la baisse afin de permettre à plus d’acteurs d’y participer mais les sommes investies demeurent à la discrétion des investisseurs et entreprises cibles.

Une comparaison peu flatteuse

En France, de nombreuses start-ups et petites entreprises nécessitent des liquidités pour se développer et en manquent, malgré les prêts, bourses ou investissements effectués par différents acteurs comme la BPI (banque publique d’investissement française). L’accès au capital reste beaucoup moins aisé que chez nos voisins anglo-saxons. Aux Etats-Unis, le private equity est bien plus répandu qu’en France où la culture d’investissement est moindre et l’accès aux liquidités plus difficile. Longtemps, l’investissement non coté n’a pas eu la cote auprès des Français : il pèse aujourd’hui seulement 1 à 2 % de l’épargne tricolore contre 20 % aux Etats-Unis*.

Cela peut s’expliquer par la plus grande culture d’épargne française et le manque général d’éducation financière des masses. Beaucoup préfèrent savoir leurs liquidités en sécurité sur un livret A à 2,4 % que prendre certains risques pour développer leur capital.

Il reste nécessaire de garder à l’esprit que le capital-risque est une des classes d’investissement les plus risquées. Cet article n’est pas un conseil en investissement. Faites vos propres recherches.

Sources :
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