Cette année, nous célébrons le 31e anniversaire d’Octobre Rose, une initiative mondiale dédiée à la sensibilisation et à la prévention du cancer du sein qui rassemble des millions de femmes à travers le monde depuis des décennies. Symbolisée par le ruban rose, cette campagne encourage non seulement le dépistage organisé, mais aussi un sentiment de solidarité et de soutien collectif. Le thème de 2024, « Plus forts ensemble », souligne l’importance de la communauté et de la coopération dans la lutte contre cette maladie qui continue de toucher des milliers de femmes chaque année.
Le cancer du sein en France : un immense défi de santé publique
Le cancer du sein reste le cancer le plus fréquent chez les femmes en France et la première cause de mortalité par cancer chez les femmes. Chaque année, on dénombre environ 61 000 nouveaux cas, avec un taux d’incidence de 105 cas pour 100 000 habitants, ce qui fait de la France l’un des pays les plus touchés au monde. Malheureusement, cette maladie cause encore environ 12 000 décès par an, un chiffre inquiétant qui souligne l’importance des campagnes telles qu’Octobre Rose.
Le dépistage organisé joue un rôle essentiel dans la réduction de la mortalité, car il permet de détecter le cancer à un stade précoce, lorsque les chances de guérison sont plus élevées et les traitements moins invasifs. L’Institut National du Cancer (INCa) recommande aux femmes de 50 à 74 ans de faire une mammographie régulière tous les deux ans, car 80 % des cancers du sein surviennent après 50 ans. Ce dépistage, gratuit et pris en charge à 100 % par l’Assurance maladie, permet d’assurer une surveillance continue, même pour les femmes ne présentant pas de symptômes évidents. Cependant, seule une femme sur deux participe aujourd’hui à ce programme en France, un chiffre qui doit impérativement s’améliorer.
Mammographie organisée : comment ça marche?
Tous les deux ans, l’Assurance Maladie adresse aux femmes âgées de 50 à 74 ans une invitation personnalisée à réaliser une mammographie chez un radiologue agréé. Cet examen, qui comporte deux radiographies pour chaque sein (une de face et une de profil), est accompagné d’un bilan clinique. Il est entièrement pris en charge par le système de santé français, sans qu’il soit nécessaire d’anticiper les coûts, et une fois réalisée, la mammographie fait l’objet d’une seconde lecture par un radiologue expérimenté, ce qui augmente la probabilité de détecter une tumeur à un stade précoce. La deuxième lecture a permis de détecter 6 % des cas de cancer.
La détection précoce est cruciale : s’il est détecté à un stade précoce, le taux de survie à 5 ans est de 99 %, alors que pour les cancers détectés à un stade avancé, ce pourcentage chute dramatiquement à 26 %. La prévention est donc l’une des armes les plus puissantes dont nous disposons pour lutter contre le cancer du sein.
L’histoire d’Octobre Rose
La campagne de sensibilisation au cancer du sein a vu le jour aux États-Unis en 1985, grâce à une collaboration entre l’American Cancer Society et la division pharmaceutique d’Imperial Chemical Industries (qui fait maintenant partie d’AstraZeneca), connue pour le développement de médicaments contre le cancer du sein. En 1993, Evelyn Lauder, vice-présidente de Estée Lauder Companies, fonde la Breast Cancer Research Foundation et adopte le ruban rose comme symbole universel de la lutte contre cette maladie.
Depuis lors, le mouvement s’est répandu dans le monde entier, devenant l’une des campagnes de santé publique les plus emblématiques. Aujourd’hui, des monuments du monde entier, y compris la Maison Blanche aux États-Unis, s’illuminent en rose chaque année en octobre pour sensibiliser l’opinion publique.
La prévention à domicile : comment de petits gestes quotidiens peuvent faire la différence
La prévention du cancer du sein ne se limite pas au dépistage, mais comprend également une série de mesures quotidiennes que chaque femme peut prendre pour réduire son risque. Ces gestes simples mais efficaces contribuent à améliorer la conscience du corps et à promouvoir un mode de vie sain.
- Auto-examen mensuel des seins : L’auto-examen des seins est l’une des premières formes de prévention à domicile. Ce geste simple permet de se familiariser avec son anatomie et de reconnaître tout changement suspect. Idéalement, l’auto-examen devrait être effectué une fois par mois, toujours à la même période du cycle menstruel, ou le premier jour du mois pour les femmes ménopausées. L’auto-examen ne remplace pas la mammographie, mais constitue un complément important pour surveiller la santé des seins.
- Attention aux signes corporels : il est essentiel de surveiller de près tout changement au niveau des seins, comme des bosses, des changements de forme ou de taille, des écoulements ou des douleurs. En cas d’anomalie, il est important de consulter un médecin pour des examens complémentaires.
- Antécédents familiaux et génétiques : Bien que de nombreuses femmes développent un cancer du sein sans antécédents familiaux, il est important de connaître ses facteurs de risque. S’il existe des antécédents familiaux de cancer du sein, en particulier chez les proches parents, il peut être nécessaire de discuter avec un médecin de la possibilité d’effectuer des tests génétiques ou des examens plus fréquents.