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vendredi 13 décembre 2024

Le journal des étudiantes et étudiants de Lyon 3

Les répercussions méconnues des Contraceptions Hormonales sur la Santé Mentale

Le nombre de personnes sensibilisées aux troubles psychologiques que causent les contraceptions hormonales est minime. Pourtant, c’est bien une réalité qui touche pratiquement toutes les femmes au cour de leurs vies. Il est primordial de démocratiser ce sujet et de le mettre en lumière pour sensibiliser un maximum de personnes. 

C’est dans les années 2010 que les premières études sur ce sujet émergent. Plus tard, en 2023, c’est une étude de scientifiques suédois publiée dans la revue Epidemiology and Psychiatric Sciences qui montre les impacts inquiétants des contraceptions hormonales sur la psychologie des femmes. À la suite d’un examen de 260 000 dossiers médicaux de femmes, les scientifiques ont constaté.es que la prise des contraceptions hormonales augmente de 73% le risque de dépression chez les femmes et que la prise de pilule chez les jeunes femmes intensifie les symptômes de la dépression. Dès lors, les femmes sont plus sujettes à prendre des anti-dépresseurs dans leurs vies et le taux de suicide est plus élevé chez les femmes prenant des contraceptions.

Ce n’est donc pas un hasard, et il suffit d’ouvrir la notice des contraceptions pour constater les troubles anxieux et dépressifs comme un des nombreux effets secondaires. Toutefois, peu de professionnel.les avertissent sur ces troubles psychologiques, ce qui participe à minimiser ce phénomène, alors qu’ils peuvent avoir de grandes conséquences sur le corps humain et le quotidien des personnes le subissant.

Mais comment une contraception hormonale peut-elle impacter la santé mentale ?

Tout est lié à une question d’émotion et plus particulièrement à l’émotion centrale qui est relative à l’anxiété soit la peur. La gestion de cette émotion va être troublée par la prise de contraception hormonale. Le constat est donc là, les contraceptions rendent plus compliqué la régulation émotionnelle (capacité à contrôler ses émotions, soit à les déclencher, les inhiber ou les moduler. Une faible régulation émotionnelle est associée à plusieurs troubles de santé mentale).

Pour faire simple, les contraceptions hormonales (méthode de contraception dont le mécanisme consiste à administrer des hormones sexuelles synthétiques aux personnes qui l’utilisent)  sont composées d’hormones sexuelles (substance chimique qui permet de transmettre des messages dans le corps). Par exemple, l’œstrogène est une hormone sexuelle libérée par les ovaires qui parcourt le corps via le sang. Elle se rend ainsi dans diverses régions du corps comme le cerveau, afin d’exercer des effets sur la mémoire ou la libido, entre autres. Quand on approfondit cela, on se rend compte que les hormones libérées par les contraceptions se rendent dans des régions spécifiques du cerveau et en particulier celles qui régulent les émotions comme l’amygdale, qui est vue comme l’accélérateur des émotions, et le cortex qui agit dans le sens inverse. En

impactant ces régions, les hormones vont modifier la régulation des émotions et par conséquent, altérer la santé mentale se traduisant, vulgairement, par la dépression ou l’anxiété.

Ces études pour avertir sur les effets psychologiques des contraceptions, n’ont pas pour objectif de les discréditer. Ces dernières sont, rappelons-le, essentielles pour ne pas tomber enceinte ou régler les problèmes hormonaux dont souffrent les femmes. Plus largement, l’accès à la contraception est crucial pour l’autonomie des femmes. Toutefois, il est important d’en parler et de mettre en lumière ces effets secondaires encore trop méconnus de nos jours et minimisés malgré leurs impacts importants.

Les écrits sur ce sujet permettent aussi de rappeler que les femmes sont plus sujettes aux problèmes psychologiques. A la suite d’un rapport sur la santé des femmes de 20234, il a été observé que les femmes sont 2 fois plus concernées par les troubles dépressifs et trois fois plus affectées par les troubles anxieux que les hommes. Pour cause, les femmes sont exposées à plus de sujets déclencheurs ou aggravants comme les violences sexistes et sexuelles engendrant des syndromes post-traumatique ou bien à cause des facteurs environnementaux quotidiens (emploi, charge mentale, maternité, fausses couches, IVG, puberté, ménopause…). Les recherches sur la santé mentale des femmes sont à la fois insuffisantes et inadaptées. Les études sont souvent effectuées avec un échantillon uniquement masculin et celles-ci sont publiées sans précision du genre qui pourtant a de nombreuses particularités biologiques qui influencent les résultats.

Les troubles psychologiques sont compliqués à gérer et soigner, donc, comprendre qu’une des causes de ces symptômes peut venir de l’extérieur et notamment de la prise de contraception peut faire avancer grandement les personnes souffrantes. En avertissant et en sensibilisant, le phénomène pourra mieux être pris en compte ce qui pourrait éviter des complications relatives à la santé mentale, qui peuvent, rappelons-le, aller jusqu’au suicide.

La conclusion qu’on peut tirer de cela est que la découverte et l’affirmation d’un lien causal entre la santé mentale et les hormones pourraient permettre de mettre en avant la nécessité de bien recommander l’utilisation des pilules selon chaque personne et de prévenir les personnes les plus vulnérables psychologiquement. Les contraceptions hormonales sont efficaces, mais il est nécessaire de faire un choix éclairé sur la contraception à prendre, en prenant compte de tous les impacts qu’elles peuvent avoir sur la santé physique, souvent évoquée, sans oublier la santé psychologique. En outre, une telle conscience sur ce sujet permettrait peut-être à la recherche de pallier le retard scientifique sur ces sujets-là.

Sources :

https://www.cambridge.org/core/journals/epidemiology-and-psychiatric-sciences/article/populationbased-cohort-study-of-oral-contraceptive-use-and-risk-of-depression/B3C611DD318D7DC536B4BD439343A5BD

https://www.vidal.fr/actualites/30408-un-lien-entre-depression-sous-pilule-et-depression-du-post-partum.html

https://jamanetwork.com/journals/jamapsychiatry/article-abstract/2552796https://www.leseclaireuses.com/news/une-recente-etude-revele-les-effets-reels-de-la-pilule-sur-le-cerveau.htmllutm_source=leseclaireuses&utm_medium=lireaussi&utm_campaign=title

https://www.e-sante.fr/depression-si-c-etait-pilule/actualite/1240https://www.psychologue.net/articles/la-pilule-rend-elle-depressive

https://www.santelog.com/actualites/contracepton-et-depression-mais-pourquoi-la-pilule-deprimehttps://sante.journaldesfemmes.fr/sexo-gyneco/2930093-prendre-la-pilule-augmenterait-le-risque-de-depression/

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