C’est dans cette atmosphère de rentrée scolaire qu’un affrontement entre plusieurs nations appelé EuroBasket se déroule et nos français comptent bien marquer leur territoire dans cette compétition. Entre défense de fer, perte de balle, statut de favori et arrêt cardiaque, retour sur cette merveilleuse épopée post-olympique pour nos bleus.
Premier tour
A l’aube de cette compétition une première inquiétude plane au-dessus de nous, fans de basket français : la France est placée dans le fameux « groupe de la mort » présent dans chaque compétition. Nos adversaires principaux ? La Slovénie championne en titre emmenée par leur prodige Luka Doncic, La Lituanie de Domantas Sabonis et Jonas Valanciunnas (tous deux joueurs NBA), la Bosnie-Herzégovine, l’impressionnante Allemagne et la malheureuse Hongrie coincée entre toutes ces grandes nations du basket.
Mais cette inquiétude est, dans nos esprits, assez vite effacée par les précédentes compétitions effectuées par nos français. Pour rappel, l’EDF (équipe de France ndlr) sort d’une magnifique médaille d’argent remportée une année plus tôt aux Jeux Olympiques de Tokyo et d’une médaille de Bronze à la dernière coupe du monde. Le groupe est là, il vit bien, maintenant : au boulot.
Le premier match constitue déjà un tournant dans la compétition de nos français. Soyons clairs, jouer l’Allemagne, devant leur public, après une cérémonie célébrant la légende du basket allemand Dirk Nowitzki, n’a rien de facile. Mais notre statut à ce stade de la compétition nous oblige à devoir casser l’ambiance et d’une grande manière. L’ambiance du match ? Allemande, principalement. En effet c’est une désillusion incroyable côté français, des pertes de balles (on y reviendra), un manque clair de repères, des patrons absents… Rien ne va, à part une lueur du nom de Guerschon Yabusele rayonnant dans ce match. Vous l’aurez compris, la France s’incline 76 à 63 contre l’Allemagne.
La compétition prend un autre visage instantanément après ce match, l’équipe est dos au mur et doit se réveiller, car dans un groupe de la mort chaque match compte. Le réveil sera plus que concluant face à la Lituanie qui s’inclinera face à nos Bleus 77 à 73, ça y est l’équipe de France est lancée et tient son premier match de référence emmené par son capitaine Evan Fournier brillant à la hauteur de ses 27 points.
Le lendemain, les montagnes russes émotionnelles françaises commencent à faire leur effet dans le match contre la Hongrie. L’équipe de France sortira certes victorieuse de cette rencontre, mais la manière n’y est clairement pas, en se faisant une frayeur en fin de match après avoir mené d’une dizaine de points à la fin de la première période. A ce stade l’important est de sortir victorieux bien entendu, mais dans une telle compétition, la confiance doit apparaître, être et rester.
Après une victoire en patron face à la Bosnie, la France va retrouver son nouveau rival préféré pour ce dernier match de poule : La Slovénie. Pour tout fan ou observateur de sport, une rencontre France – Slovénie est synonyme de match à scénario incroyable comme celui qui a eu lieu lors des derniers Jeux Olympiques dans lequel le contre victorieux de Nicolas Batum en a été la justification la plus évidente. Comme prévu ce match fut incroyable : un niveau de jeu impressionnant, une vraie rivalité et malheureusement un récital de la part de Luka Doncic qui signera à lui seul une performance XXL avec 47 pts (un record).
La France s’inclinera donc face à la Slovénie, et terminera qualifiée pour le prochain tour avec un bilan de 3 victoires pour 2 défaites. Maintenant les choses sérieuses commencent, Allez les garçons on croit en vous.
8ème de Finale : France – Turquie
Les choses sérieuses commencent contre une équipe Turque plus que convaincante. Malgré ces quelques précédentes péripéties, la France est favorite dans cette confrontation et va devoir assumer ce statut jusqu’au bout.
Le match commence bien pour nos bleus : la défense est en place, notre secteur intérieur tient et les Turcs sont assez maladroits. Le scénario est donc idéal pour les hommes de Vincent Collet qui n’auront plus qu’à corriger un problème de pertes de balles aussi récurrent qu’agaçant durant cette compétition.
A la pause, nos bleus mènent de 8 points avec une possibilité de tuer le match en seconde période et de se préparer mentalement pour le prochain match. Ce qui se passera en seconde période relèvera de la science-fiction sportive qui, même en écrivant ces lignes quelques jours plus tard, reste toujours irréel.
C’est un changement de visage des deux équipes lors de cette deuxième mi-temps : la Turquie reprend de l’adresse et de la confiance et à l’inverse nos bleus perdent leur défense impériale et leur avance. Le 3ème quart-temps devient donc un calvaire côté français mais une renaissance côté Turque.
Vous vous souvenez de l’arrêt cardiaque dont je parlais en début d’article ? Ce groupe de mots va prendre toute sa définition dès la fin du quatrième quart-temps. La France est revenue tant bien que mal à deux points de la Turquie avec plus 12 secondes à jouer avant la fin du terme lorsqu’une faute antisportive douteuse est sifflée contre la France.
La Turquie a donc deux lancers et une possession pour tuer le match, une situation factuellement insurmontable pour nos français qui espèrent maintenant un miracle venant du ciel. Et c’est à ce moment-là avec un score de 77-75 inscrit sur le tableau d’affichage qu’un miracle va bel et bien se produire.
Cedi Osman se présente sur la ligne des lancers francs, souffle, prend ses appuis et manque le premier lancer franc. Un léger soulagement se présente mais encore une fois rien n’est fait. Cedi se présente de nouveau, souffle encore une fois, prend une nouvelle fois ses appuis, et manque son lancer franc, encore.
Il reste 12 secondes à jouer et la remise en jeu est turque. Enfin elle a été très brève après l’interception miraculeuse française qui amène à un floater court qui sera ensuite claqué par le vice-capitaine Rudy Gobert. Egalisation ! Prolongation ! Un miracle !
Cette prolongation suivra exactement le même schéma que cette fin de match. Nous nous retrouvons maintenant en fin de prolongations, la France mène d’un point mais la remise en jeu est encore une fois turque. C’est alors que surgit Terry Tarpey le chouchou des fans français qui intercepte le ballon d’une main de maître. Fin du match, victoire française, envoyez les Quarts !
Quart de Finale : France – Italie
Après avoir survécu miraculeusement face à la Turquie, nos bleus ont la volonté de se rattraper en surfant sur la confiance mentale obtenue lors de la précédente prolongation. Mais cette fois-ci l’adversaire est de taille. En effet, c’est une Italie pleine de confiance qui se présente contre nous, après avoir éliminé la Serbie, l’un des grands favoris de cette compétition.
Ce match est donc clairement un match piège, il n’y a pas vraiment de favori et même s’il y en avait un, cet EuroBasket nous aura montré que ces histoires de statut ne valent rien dans les matchs à élimination directe.
Encore une fois l’entame de match des Français est autoritaire : la défense est en place, l’attaque aussi et nos français vont vite prendre le large sur la squadra azzura. La France a l’air en confiance et prête à encaisser ce match.
A la fin de la première période, les bleus mènent de 7 points mais un facteur menace encore l’obtention de notre ticket pour la demi-finale. Ce facteur ? Notre quart temps. En effet depuis le début du tournoi nous avons un mal absolu à ne pas prendre l’eau en sortie des vestiaires, et ce facteur va malheureusement ENCORE s’avérer lors de ce match.
L’EDF prendra l’eau dans ce troisième quart temps en encaissant un 31 à 18 en faveur de l’Italie. Un Simone Fontecchio dans le rôle du bourreau, un Marco Spissu infernal, une France dos au mur, voilà qui relance ce match de plus belle.
Le quatrième quart temps sera accroché au score mais le cours du jeu donne clairement un avantage aux Italiens tant leur confiance renaît. La France, elle, pourra remercier Thomas Heurtel dans cette fin de match : distributeur, shoot en première intention, moves à la Kyrie Irving, tout y passe et bon sang qu’on aime Thomas quand il joue comme ça.
A plus de 15 secondes à jouer avant la fin de cette rencontre le score est de 77-75 pour l’Italie quand Simone Fontecchio se présente sur la ligne des lancers francs pour anéantir ou annentiare (comme vous voulez) nos espoirs de demi-finale.
Impression de déjà vu ? Attendez, ça ne fait que commencer. Simone s’avance donc, respire, prend ses appuis… et rate… à deux reprises. Mais cette fois-ci le scénario est différent car la remise en jeu est française. C’est donc un deuxième miracle identique au premier qui vient de tomber sur la tête des Français qui ne vont pas laisser leur chance filer comme ça.
La prolongation qui suivra sera un réveil, que dire la renaissance d’un phoenix côté français. Thomas Heurtel est impressionnant, Rudy Gobert et Terry Tarpey règnent en défense, rien ne peut plus nous arrêter. La France va donc survivre une nouvelle fois à l’impossible en faisant tomber la Squadra 93-85.
Demi-Finale : France – Pologne
C’est dans une attitude mentale incroyable que la France se présente lors de cette demi-finale. En effet, elle a démontré un mental d’acier et une capacité de renaissance à tout épreuve. En face d’elle, la Pologne, l’invité surprise de cette demi-finale, quelques jours après avoir sorti la Slovénie, autre grand favori de cette compétition.
Je ne m’attarderai pas tellement sur ce match tant la beauté et la domination de cette victoire française m’empêche de trouver plus de détails que ça. En effet j’aurais pu me plaindre des pertes de balles récurrentes de la France en début de match mais ici ce n’est pas le point.
Une victoire avec 41 longueurs d’avance, une attaque éblouissante, un Guerschon Yabusele impressionnant et encore et toujours une défense sous forme de muraille. La Pologne se retrouva donc démunie face à l’ogre bleu, qui ne laissa rien passer. La France s’envole donc pour une nouvelle finale de l’EuroBasket face à son rival historique : L’Espagne.
Finale : France – Espagne
Le décor est planté : les deux nations de basket se détestant le plus, un historique entre ces deux équipes qui ne date pas d’hier et qui n’a jamais manqué de coups-bas des deux côtés. Un seul objectif : gagner ou dans ce contexte, battre l’Espagne… à tout prix.
Finir deuxième serait bien sûr un super résultat pour cette équipe de France mais cette deuxième place représenterait aussi de tomber une nouvelle fois face à la Roja de l’ennemi public français numéro un, Rudy Fernandez.
Nous sommes le dimanche 18 septembre, il est 20h30, nous y sommes enfin à la Finale de cet Euro fins prêts à finir la compétition la tête haute. L’ambiance est électrique et ce combat est prêt à retentir.
Malheureusement, ce match ne commence aucunement comme toute la France l’aurait espéré : L’Espagne prend une avance conséquente dès le début du match profitant d’une très bonne adresse, et d’une défense française ayant du mal à rentrer complètement dans ce match.
Après que Juancho Hernangomez ait décidé de nous punir sèchement avec SIX trois points en première mi-temps, le premier espoir arrive : une série française de 11 à 0 nous sort la tête de l’eau après avoir été menés de plus de 22 points. La France est dans le rouge mais pas abattue à l’aube de ce troisième quart-temps.
Les premières minutes de ce troisième acte sont fabuleuses offensivement, la confiance est retrouvée et nous recollons à l’Espagne grâce à une série de 9 à 2. Mais voilà, à force de courir après le score nous ne pouvons que nous faire à cette idée affreuse : L’Espagne a repris son avance et plus rien ne pourra l’arrêter.
Un Rudy Gobert inexistant, un Terry Tarpey qui aurait dû jouer l’entièreté du match et un Evan Fournier ne voulant pas se laisser abattre, voilà à quoi ressemble notre équipe de France à la fin de cette compétition.
En fin de match, l’Espagne a même décidé de faire entrer ses joueurs de bout de banc pour qu’eux aussi puissent profiter de cet instant magique. L’humiliation est encore trop grande contre cette Espagne qui ne lâche jamais rien et qui était beaucoup plus prête à jouer cette finale que nous.
C’est ici que se révèle la fin d’un rêve, la douloureuse fin d’un rêve européen pour nos bleus.
Conclusion
Cet EuroBasket 2022 aura été l’une des meilleures compétitions européennes de l’histoire du basket tant les niveaux de chaque match étaient impressionnants. La meilleure équipe l’emporte et malheureusement elle n’est pas française. Mais que cette génération Post-Parker, emmenée par un Rudy Gobert en tourelle défensive et un Evan Fournier rageur ne baisse pas la tête, elle aura bientôt son heure de gloire, cela n’en fait aucun doute.
Next Stop : Le Mondial en 2023, merci de m’avoir lu et ALLEZ LA FRANCE !
Martin Clavel